Quand on arrive à Shigaraki par le bus, celui-ci nous dépose au milieu de magasins de céramiques où sont exposés une profusion de "tanuki", petit animal mythique et porte bonheur dont rafolent les familles. Autant dire que l'idée sacrée qu'on se faisait de la céramique japonaise s'en trouve tout à coup un peu chamboulée.
Heureusement, une balade dans le village nous fait découvrir des trésors, des ateliers où les potiers travaillent une terre dont la cuisson, au bois, fait ressortir des grains de feldspath de tailles diverses, comme une transpiration figée.
Résidence à Shigaraki - octobre 2008
Grâce à une bourse accordée par Ateliers d'Art de France , j'ai pu séjourner à l'institut de céramique Togei no Mori de Shigaraki, à environ 1 heure de Kyoto.
Cet établissement est composé d'un lieu de résidence, de vastes ateliers très bien équipés, d'un hall d'exposition, d'un musée, d'un parc jardin de sculptures et d'un bâtiment administratif. Il accueille des artistes du monde entier mais aussi des locaux qui peuvent profiter de la logistique en place.
Mon projet initial était de cuire dans un des ces grands fours couchés de type "anagama", mais les dates de mon séjour ne coïncidaient pas avec celles prévues pour la cuisson. Je me suis donc rabattu sur le gaz, ce qui était un comble dans ce village de cuiseurs au bois, mais qui me paraissait exotique du fait de mon mode de cuisson habituel en France.
Je partageais les espaces de travail avec 14 autres résidents aussi jeunes que talentueux : Aeden d'Australie, Sasan d'Indonésie, Veng et Tho du Laos, Eddy de Guadeloupe, Tomoko, Kyoko, Yuji du Japon, Antra d'Inde, Vannoeun du Cambodge ,Ha, Hyun et Kim de Corée et Max d'Angleterre.
La première difficulté à laquelle je dus faire face fut de choisir une terre parmi la multitude d'échantillons que l'on me présenta. La cuisson au gaz s'imposant, j'optai pour une terre blanche et une terre noire. Crue, l'une était à peine plus claire que l'autre, et le résultat au défournement fut assez étonnant.
Je n'avais qu'un mois pour réaliser mon projet, en céramique c'est bien court. Je me suis donc tout de suite engagé dans la réalisation de colonnes éclosantes, voie que j'avais commencé à explorer au cours de l'été .
L'atmosphère de l'atelier était très studieuse, la barrière de la langue n'encourageant pas les bavardages. Chacun avait à coeur de mener son projet, porté par une stimulante émulation. Il faut aussi rendre hommage au personnel de l'établissement toujours prêt à apporter son soutien tant logistique qu'administratif.